Gérer la contraction

Gérer la contraction. Telle sera la fonction qu’auront à assumer des générations arrivant aujourd’hui au seuil des responsabilités. Celles qui font le pivot entre deux millénaires. Celles qui sont nées avec tout. Celles qui pourraient finir avec rien. Celles à qui le futur qu’on leur promet oscille entre plusieurs projections mettant à mal notre humanité : transhumaniste d’une part, effondrée de l’autre, un mélange des deux enfin.

Si nul ne sait de quoi l’avenir de l’Homme sera fait, il est un élément qui est certain. L’Humanité va avoir à se confronter aux limites physiques de la planète Terre. Y sommes-nous réellement préparés ? Comment pouvons-nous apporter des réponses sociales satisfaisantes à une donnée objective irrémédiable et terriblement crue ?

I. Des sociétés construites pour gravir la montagne...

Que l’on ne se méprenne pas. Aujourd’hui, l’ensemble de nos modèles sont construits sur une certaine idée de progrès, de croissance, d’élévation des niveaux de vie, individuels et collectifs, chez nous comme ailleurs. Toutes nos institutions, nos organisations sociales,  nos modèles sont adossés à cet objectif structurel. C’est comme si nous avions décidé de focaliser toutes nos forces pour gravir une montagne au sommet infini.

Au premier rang des responsables : nos modèles économiques qui postulent la croissance. Défense du PIB, soutien du pouvoir d’achat des ménages, attention portée à la compétitivité des entreprises, encadrement de la dette, plans de relance, guerres économiques internationales, foi dans l’innovation technologique, création et acquisition de nouveaux marchés, protection de notre souveraineté par la défense de nos intérêts stratégiques… Tout va dans le sens d’une croissance permanente. Il est bien sûr des personnes qui doutent, certaines qui militent, d’autres encore qui œuvrent pour faire advenir des modèles économiques alternatifs. Toutefois, de façon systémique, structurelle, nos interactions économiques sont profondément associées à ce grand objectif qui nervure notre société : croitre.

Pourtant, il serait trop réducteur de faire porter la responsabilité d’une société productiviste et croissantiste sur les seules épaules des acteurs économiques. En réalité, cette confiance dans un avenir meilleur a été très largement partagé dans la société, quels qu’en soient les domaines et les sources d’inspiration.

Dès 1835 dans De la démocratie en Amérique (1), Tocqueville analysait le pacte social sur lequel reposait la démocratie. En substance, il expliquait que celle-ci était un accord des sociétés de sortir des penchants passionnels les plus extrêmes (bons comme mauvais) de leurs modèles aristocratiques d’antan, en échange de la promesse d’un confort matériel sans cesse renforcé. Certes, des inégalités demeureraient dans la répartition des parts du gâteau entre les citoyens. Peut-être même que les proportions de gâteau allouées à chacun resteraient inchangées. Cependant, chacun verrait sa part augmenter car le gâteau serait de plus en plus gros chaque année. La démocratie organiserait la compétition entre les aspirants à l’exercice du pouvoir de décider la façon de se répartir un gâteau gonflé à l’hélium.

Ainsi donc, nos modèles économiques, mais aussi politiques postulent une idée de croissance. Pour rendre le tout systémique et largement accepté, ces modèles se sont appuyés sur des postulats « scientifiques » ayant longtemps été largement partagés. Ceux-ci allaient de Descartes affirmant que le but du progrès était de dominer la nature (2), à Jean Baptiste Say expliquant que la création de la valeur était un savant équilibre entre le travail, le capital et les agents naturels considérés comme infinis (3).

Pour renforcer l’inertie d’un système basé sur le progrès que « rien ne pouvait arrêter », disait-on, un certain nombre de valeurs cardinales sont venues chapoter le tout : les droits et libertés individuelles, dites « fondamentales ». Libertés d’expression, d’entreprendre, de se réaliser, de s’informer, de posséder (4)… Ces valeurs libérales issues de l’époque des lumières visaient à sortir l’Homme de l’obscurantisme et de lui offrir le droit de s’émanciper, de se réaliser dans son individualité. Les révolutions industrielles successives, la libéralisation des mœurs et l’essor d’internet sont venues se mettre au service de cette ambition initiale, qui nous met face à la situation d’aujourd’hui où chacun est apte et incité à consommer toujours d’avantage.

Peut-être d’ailleurs que toutes ces incitations à la consommation ont été facilitées par nos penchants biologiques naturels. C’est ce qu’affirme Sébastien Bohler dans Le bug humain (5) pour qui il serait trop facile de n’accuser que nos modèles sociaux. Celui-ci explique que l’homme est dirigé par une partie de notre cerveau, le striatum, qui produit de la dopamine qui nous récompense chaque fois que nous répondons à des besoins qui ont toujours été essentiels au cours de l’histoire de l’Homo Sapiens : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, faire un minimum d’efforts et glaner un maximum d’informations sur son environnement. Le striatum n’ayant pas de fonction limitatrice en lui-même, il nous pousserait à vouloir toujours plus. Cela expliquerait pourquoi nos pulsions collectives nous dirigent naturellement vers toujours plus de consommation.

II. Arrivée au col imminente

Seulement voilà, nos modèles économiques, politiques, scientifiques, moraux et même biologiques vont devoir faire face à une contrainte qu’il va falloir se résoudre d’accepter : la confrontation frontale avec les limites planétaires. Ces contraintes sont de plusieurs ordres et ont toutes les chances de se cumuler. En 2020, malgré les contraintes du Covid 19, il était le 22 août (et le 31 juillet en 2019) (6). Nous apercevons pour la première fois le col de la montagne que nous avons gravi pendant des millions d’années, après avoir drastiquement accéléré au cours des quatre derniers siècles.

D’une part, nos ressources énergétiques ne sont pas infinies. La perspective d’un monde sans pétrole est dans les esprits depuis les chocs pétroliers des années 70. A force de crier au loup depuis 50 ans, certains ont fini par ne plus prendre la menace au sérieux. Pourtant, ce n’est pas parce que le délai d’occurrence de cette situation n’est pas immédiat que l’issue n’en demeure pas moins irrémédiable. Le gaz, le pétrole et le charbon ne sont pas des ressources infinies et viendront un jour à manquer. C’est particulièrement le cas pour le pétrole et le gaz qui sont des ressources internationales dans le sens où elles peuvent parcourir des milliers de kilomètres entre leurs lieux d’extraction et leurs lieux de consommation, là où le charbon demeure une ressource régionale à la distance de parcours plus limitée.

A ceux qui objecteraient que les énergies renouvelables assureront la relève, il est plusieurs éléments à prendre en compte (voir fiche énergie). D’une part, il s’agit de prendre conscience des ordres de grandeur. D’après l’Agence Internationale de l’Energie, les énergies renouvelables ne représentaient que 13,7% du mix énergétique mondial en 2018, là où les énergies fossiles comptaient pour 81,3% (86,7% en 1973). Depuis 50 ans, la répartition des sources d’énergie est donc restée quasi constante. Aucune transition énergétique n’a eu lieu, dans le sens où l’énergie renouvelable produite n’est pas venue remplacer mais s’ajouter aux ressources non renouvelables d’énergie (7).

D’autre part, aussi « renouvelables » soient elles, les machines qui exploitent le vent, l’eau ou le soleil nécessitent de l’extraction de ressources, notamment des métaux rares comme le néodyme. Cela n’est pas sans incidence sur les écosystèmes qu’il faut déforester pour se doter de tels matériaux.

Enfin, à ceux qui avanceraient l’idée que l’innovation pourrait nous permettre de produire des énergies propres en masse, il s’agit de garder en tête les phénomènes d’effet rebond, où les comportements humains dans un système basé sur la croissance annulent tout ou partie des innovations techniques permettant de réduire la quantité de ressources consommée.

Il s’agit de bien comprendre que signifie le fait que plus de 80% de l’énergie mondiale soit produite par de l’énergie fossile. C’est une giga structure d’interactions humaines qui est apposée sur ce modèle d’approvisionnement. C’est ce modèle qui a rendu possible que la population mondiale soit passée de 2,07 milliards en 1930 à 7,8 milliards en 2020. Une personne aujourd’hui âgée de 90 ans a donc vu la population mondiale multipliée par 4 au cours de sa vie.

Que chacun mesure que sa nourriture, ses vêtements, son logement, ses études, son emploi, l’électricité qu’il utilise pour lire cet article, ses loisirs, sa vie somme toute, et celle de l’ensemble des personnes autour de lui sont adossées à cette giga structure dopée à une énergie fossile qui finira un jour par manquer sans être remplacée dans les mêmes proportions.

A cette contraction énergétique, va se coupler la dégradation continue de notre environnement. Même si nous cessions du jour au lendemain de polluer (ce qui est parfaitement impossible), l’inertie de notre système continuerait à dégrader les écosystèmes essentiels à notre vie sur Terre. Il est à noter que le CO2 émis depuis 2000 n’a pas encore produit ses effets. Les bouleversements environnementaux que nous observons actuellement ne sont que le fruit des pollutions antérieures à 2000. Quand on sait qu’environ 37% des Gaz à effet de serre émis par l’Homme depuis le début de l’air industrielle l’ont été au cours des 20 dernières années (8), et que 68% des animaux sauvages ont déjà disparu depuis 1970 (9), il y a de quoi ne pas être particulièrement optimiste…

Ce sont les océans acidifiés qui montent, les forêts qui brulent, les écosystèmes qui meurent car ne pouvant pas s’adapter à la vitesse de transformation de l’environnement, les sécheresses à répétition, les stress hydriques, les maladies tropicales qui migrent vers le nord, les catastrophes climatiques de plus en plus violentes qui vont nous contraindre dans notre possibilité d’assurer nos besoins essentiels : nous vêtir, nous loger, nous nourrir, nous abreuver, vivre en bonne santé…

Cela se fait sans compter la fonte du permafrost et les boucles de rétroaction qui pourraient entraîner une augmentation exponentielle de la production de CO2. Si de tels mécanismes se mettaient en place, ce qui semble actuellement être le cas, certains scientifiques tablent que la température moyenne mondiale pourrait avoir augmenté de 4 à 5° d’ici 2100, rendant la vie impropre à plus de 1milliard d’êtres humains (10). Ça promet…

 

III. La redescente : mieux vaut choisir que subir !

La limitation de nos ressources énergétiques couplée à la dégradation imprévisible de notre environnement, vont nous mettre face à des contractions majeures. Il est acté qu’il est un grand nombre de dégradations physiques qui sont et seront irrémédiables. Ce sont des bouleversements qui vont mécaniquement résulter de l’inertie de notre système physique. Il est également acté que cela va massivement impacter nos façons de vivre et que nous ne pourrons pas maintenir nos modes de vie actuels.

En revanche, la façon dont nous allons subjectivement réagir à cette réalité objective n’est pas encore actée. Il nous reste de la marge de manœuvre, et par conséquent, de l’espoir ! Toutefois il ne faut pas être dupe. Cela va entraîner une litanie de questionnements existentiels majeurs qui vont nous obliger à revoir toutes nos conceptions physique, institutionnelles, morales et philosophiques sur l’équilibre subtile à trouver entre la vie et la mort.

  • D’un point de vue physique, avons-nous les ressources suffisantes pour vivre à 8 milliards d’êtres humains ? Que se passera-t-il le jour où la quantité d’énergie mise à disposition diminuera ? Et si cette baisse était soudaine ? Y aurait-il des cassures ?

  • D’un point de vue social, quelles seraient l’accueil par les populations d’un tel bouleversement ? Quelles seraient les incidences sur la façon de travailler ? Y aurait-il des révoltes, des massacres, des comportements apocalyptiques comme ceux décrits dans Ravage de Barjavel (11) ou au contraire une insoupçonnable solidarité ?

  • D’un point de vue sanitaire, avons-nous les ressources matérielles suffisantes pour nous permettre de considérer que chaque décès est intolérable et qu’il faut sans cesse chercher à les repousser, même passés des âges élevés ? Concrètement, faudrait-il fixer un âge à partir duquel nous n’avons plus les moyens d’assumer de lourdes opérations médicales, comme les belges se posent déjà la question (12) ? Avons-nous les moyens de posséder des systèmes sanitaires de pointes mais immensément polluants et dépendants de la pétrochimie (13) ?

  • D’un point de vue politique, avons-nous les moyens de continuer à poursuivre la promesse démocratique de l’émancipation matérielle de l’ensemble de la communauté humaine ? Est-il raisonnable de continuer à faire confiance à des dirigeants démocratiquement élus pour une durée de mandat courte, alors qu’ils doivent gérer des stratégies de gestion de contraction qui se font sur le temps long ? Dans le cas où nous laissions la planification d’une décroissance programmée à des institutions publiques quelle serait la place pour le consentement des populations ?

  • D’un point de vue économique, peut-on faire confiance aux entreprises et aux entrepreneurs cherchant leur profit pour gérer la contraction ? La loi PACTe sur la responsabilité sociale des entreprises est-elle suffisante pour répondre à ces enjeux (14) ? La propriété privée est-elle compatible avec une économie des communs et une planification publique de la décroissance matérielle ?

  • D’un point de vue psychologique, l’Humanité pourrait-elle se remettre d’une diminution de sa population à un rythme aussi rapide que son augmentation ? Quel serait l’impact sur notre psychisme collectif si nous venions à perdre plusieurs milliards d’être humain dans un laps de temps compatible avec une seule vie humaine ? Pourrions voir naître des sociétés de zombies, peuplées de personnes physiquement vivantes mais en état de mort psychique dû à la violence des traumatismes qu’elles ont encaissée ?

  • D’un point de vue historique, quel serait le poids des catastrophes précédentes de l’histoire au regard d’un potentiel gigantesque effondrement ? Quel sens prendrait l’Histoire nous ayant précédé au su des bouleversements à venir ?

  • D’un point de vue philosophique et éthique, faudrait-il nous empêcher de vivre psychologiquement au prétexte qu’il s’agit de nous permettre de continuer à vivre physiquement ? Quelle place laisser à l’émancipation de l’homme dans ce contexte ? En cas de catastrophe particulièrement couteuse pour un territoire ou un secteur industriel donné, faudra-t-il chercher à sauver ces vies et ces secteurs au prix d’efforts particulièrement lourds pour la communauté ou accepter les pertes et préserver les ressources qu’il nous restera encore à disposition ? Ne pas chercher à sauver des hommes au prétexte d’en préserver d’autres, ne serait-pas pas laisser mourir l’Homme une deuxième fois ? A qui reviendrait la tâche terrible de décider quelles seront les vies que nous sauverons et celles qu’il sera trop couteux de sauver ? Sur quoi nous appuierait-on pour en estimer ? Quelle serait la légitimité d’un tel organisme ou groupe de personnes décisionnaires ? Dans un tel contexte, la vie vaudrait-elle toujours la peine d’être vécue ? Parviendrons-nous à surmonter ces situations absurdes ?

Ces questions sont glaçantes. Antoine de Saint Exupéry les avaient déjà esquissées dans Pilote de guerre rédigé en 1942 (15) pour dépeindre la débâcle française vue du ciel. Dans son œuvre, il laissait poindre tous les questionnements existentiels sans réponse, l’absurdité de la mort orchestrée par la drôle de guerre, et l’amertume d’avoir laissé une civilisation s’affaisser jusqu’au point de bascule qui lui paraissait, à l’époque, proche de l’irrémédiable.

A ces questions, il ne semble y avoir, a priori, aucune réponse réellement satisfaisante. Le pire serait même peut être de chercher à commencer à apporter des réponses théoriques précise quand la majorité des personnes n’auraient pas encore compris la question. Quiconque s’y essayerait se verrait probablement opposé des incompréhensions majeures et des accusations en extrémisme barbare renvoyant aux plus sombres heures de notre Histoire contemporaine…

En effet, nous réalisons qu’aucune de nos valeurs morales actuelles, ni modes de fonctionnements de nos institutions, ne sont adéquats pour apporter des réponses satisfaisantes à ces questions. Nous n’avons dans notre escarcelle que peu d’outils adaptés pour répondre à cette problématique inédite car sans retour possible. Par ailleurs, l’avenir est instable et incertain. Il nous appellera à requestionner nos équilibres en permanence, rendant veine toute tentative de planification unique, détaillée et indiscutable. Rien qu’en ce qui concerne ce texte, comment aura-t-il vieilli dans un an, lorsque se sera substituée une réalité autre que celle du jour où sont écrites ces lignes ?

Pourtant, poser les questions des nouveaux équilibres à trouver entre la vie et la mort est une preuve d’un humanisme prévoyant. Ces questions nous permettent de nous préparer autant que possible. Il s’agit de préparer nos esprits afin de poser les fondements philosophiques des réponses que nous voulons nous donner avant que nous ne soyons pris dans le feu de l’action. Il s’agit d’anticiper les principales contraintes techniques auxquelles nous serons sommés de faire face, en tenant compte de la diversité des hypothèses, comme tente déjà de le faire le Plan de transformation de l’économie française du Shift Project (16).

L’urgence absolue est donc de comprendre à grande échelle la question, l’enjeu. Le processus dans lequel nous sommes rentrés avec le coronavirus n’est pas une anomalie de l’Histoire où nous retournerons vite à une pseudo « vie normale ». La vie « normale », va désormais être de gérer l’occurrence de contractions comme celles-ci, qui vont se répéter. Tout laisse d’ailleurs à croire qu’elles se montreront de plus en plus contraignantes d’un point de vue physique.

Prenons l’exemple des questionnements qui se posent concernant le tourisme international de masse. La crise du Covid 19 est venue lourdement contraindre ce secteur d’activité. La plus lourde erreur serait de vouloir le relancer tel quel alors que nous savons qu’il est, en son état actuel, condamné à l’impasse. Quelle suite de carrière donner à tous les professionnels de ce secteur ? Que faire de toutes les infrastructures existantes ? Quelle réallocation des flux financiers qui existaient jusque-là ? Comment réagir face à ceux qui voudront relancer le secteur coûte que coûte ? Quel rapport entretenir avec le loisir, le voyage ? Quelle fenêtre de tir nous octroyer pour garder la richesse de la découverte de la différence ? Quels nouveaux imaginaires donner à cela ? (17)

Les réponses à apporter varieront selon les sensibilités, les cultures, l’état de la situation de la région, notamment la dépendance qu’elle avait vis à vis du tourisme ou non. Nous comprenons que la réponse ne sera pas la même sur la Côte d’Azur qui s’est construite sur le tourisme de masse, qu’en Lozère où le rapport au tourisme est totalement différent. La centralisation étatique de la réponse apportée sera-t-elle adaptée à la pluralité des situations régionales ?

Découplez désormais ce genre de questionnements sur l’alimentation, le textile, la santé, le transport … et vous comprenez l’ampleur de ce qui est à refonder en même temps.

Si nous parvenions déjà à accepter le cours des choses et à nous organiser de façon à nous adapter, sans chercher à lutter contre l’inéluctable, un pas majeur serait franchi. L’acceptation pleine et entière de ce processus matériel et objectif par nos subjectivités individuelles et collective permettrait de réorienter la façon que nous avons de concevoir nos vies et nos façons d’interagir les uns avec les autres.

Les processus de résilience et de renaissance laissent entrevoir des capacités de création et d’adaptation aujourd’hui absolument insoupçonnées mais qui pourraient nous paraître tout à fait satisfaisante le moment donné. L’ingéniosité humaine, sa générosité, sa capacité d’adaptation, son aptitude à se réinventer, son instinct de survie, son courage devant les abimes sont porteurs d’espoirs de trouver des questions auxquelles nous ne pouvons pas répondre avant d’être confronté au problème sans échappatoire. Les réponses éthiques peuvent être semées en amont, mais ne germent réellement que dans l’épreuve, dans l’expérience.

Si nous voulons que nos vies gardent un sens, si nous voulons qu’elles gardent la peine d’être vécues, si nous voulons conserver une capacité relative de choisir nos destinées, si nous voulons garder un semblant de fidélité avec les valeurs qui nous ont constituées, tâche à nous de comprendre la question à laquelle nous devons apporter des réponses collectives : gérer la contraction. A partir du moment où celle-ci sera couramment partagée, comprise et considérée comme la question urgente, universelle et existentielle, alors les réponses pourront découler.

Si nous ne pouvons rien faire devant une donnée matérielle objective, nous pouvons toujours choisir la réponse subjective à y apporter ! Or, mieux vaut choisir que subir, paraît-il.

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