Extractivisme et épuisement des ressources naturelles

Le modèle de développement dominant est fondé sur l’extractivisme, à savoir la volonté d’extraire de manière optimale les ressources naturelles enfouies sous la croûte terrestre (hydrocarbures, eau, ressources minières, etc.).

L’extractivisme a pour conséquence de ponctionner en quelques dizaines d’année des quantités de ressources disponibles que la planète a mis des centaines de milliers voire des millions d’années à constituer. Cela entraîne une diminution rapide des stocks et menace d’extinction la plupart des ressources naturelles.

Selon l’Encyclo écolo, les dates estimée de l’épuisement des principales ressources naturelles sont les suivantes :

  • 2021-22: argent (nucléaire, énergies PV, écrans tactiles, purification de l’eau…) et l’antimoine
  • 2023-25 : chrome, or, zinc (électronique), indium (PV, écrans plats), néodyme et strontium (aimants de batteries)
  • 2028-39 : étain, plomb, diamant, hélium (aimants, écrans, imagerie médicale, circuits refroidissement nucléaire), cuivre (industrie électrique)
  • 2040 : uranium, cadmium / 2047 : hydrogène 3, scandium (pour renforcer l’aluminium) / 2048 : nickel (batteries piles et ordinateurs)
  • 2050 : pétrole et lithium (batteries) / 2052-62 : niobium (renforcement acier pipelines), béryllium, mercure, graphite / 2064 : platine (électronique et électrique), manganèse / 2072 : gaz naturel / 2087 : fer / 2110-2350 : phosphore / 2120 : cobalt (avions, centrales électriques) / 2139 : aluminium / 2158 : charbon

Selon l’IEA, le développement des énergies renouvelables et des voitures électriques va mettre encore plus sous tension la production de certains matériaux.

Un matériau est particulièrement critique, le sable. Le consommateur n°1 de sable est l’industrie de construction, suivie de l’industrie pétrolière. L’épuisement des ressources en sable créé un recul des côtes et laisse les eaux salées s’infiltrer dans les nappes phréatiques ce qui rend les terres arables impropres à l’agriculture. On observe aussi des bouleversement de la faune et un affaiblissement des infrastructures aux alentours.

Développée par Anna Bednik dans son ouvrage « Extractivisme – Exploitation industrielle de la nature : logiques, conséquences, résistances » sorti en 2016, la problématique de l’extractivisme permet de mettre en lumière ce que de nombreux écologistes ont du mal à comprendre : les problèmes sociaux et les problèmes environnementaux sont intrinsèquement liés.

La destruction du monde (par certains) pour le profit (de certains) impacte à la fois l’environnement et les populations, et généralement à bonne distance de ceux qui en bénéficient (voir aussi « A côté de nous, le déluge », de Stephan Lessenich). Pour tous ceux qui en doutent ou qui ne comprennent pas bien ce lien, ce livre propose :

  • Une analyse géopolitique et notamment de l’influence des balances commerciales des pays exportateurs sur leurs politiques (de nombreux pays tels que le Brésil extraient énormément de ressources naturelles et donc, en dépendent),
  • Une analyse de la façon dont la mise en place du libéralisme entraine l’augmentation de l’extraction de ressources (par une dérégulation toujours croissante),
  • Une analyse des impacts environnementaux de l’extractivisme, très bien détaillés avec une explication claire du « mythe » du découplage qui n’a pas lieu, de l’impact de la transition numérique sur l’accroissement récent de l’extraction de ressources naturelles (on parle même de « recouplage » sur certaines périodes, la dématérialisation est donc surtout une délocalisation des impacts) ainsi que de l’impact en cours et surtout à venir de la « transition écologique » avec des énergies « renouvelables » qui nécessitent énormément de ressources ; le concept de « croissance verte » et son avatar le « Développement Durable » sont ainsi très bien démontés,
  • Une analyse des impacts sur les populations locales des lieux d’extraction (notamment des secteurs miniers, mais aussi de la déforestation) et une bonne synthèse des luttes contre les projets,
  • Une analyse, en lien avec ces luttes, de la façon dont le processus normatif et l’arsenal législatif sont faits non pas pour protéger l’environnement, mais pour permettre aux entreprises d’exploiter et extraire les ressources naturelles en toute légalité.

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SOURCES

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