Energie (physique)
Ouverture sur cet (immense) sujet
En premier lieu, qu’est ce que l’énergie ? Etymologiquement, énergie vient du latin energia, lui même issu du grec ancien ἐνέργεια signifiant “force en action “.
L’énergie est ce qui quantifie le changement d’état d’un système. Cela signifie que l’énergie est ce qui permet de transformer l’environnement en le faisant passer de l’état A à l’état B. Cette définition est assez abstraite. Si nous avons du mal à en donner une définition facilement compréhensibles, c’est que l’énergie existe sous différentes formes (chimique, cinétique, potentielle…) et peut être convertie d’une forme à une autre moyennant des pertes. Pourtant il faut bien comprendre qu’elle est à la base de toute vie et évolution des systèmes naturels :
- les plantes transforment l’énergie solaire en énergie chimique,
- le corps humain transforme de l’énergie chimique (ingérée sous forme d’aliments) en énergie mécanique mais surtout en chaleur.
- L’énergie est aussi ce qui nous permet de faire fonctionner toutes nos machines qui transforment le monde dans lequel nous vivons…
Pourquoi faut-il considérer l’énergie comme centrale ? Après tout, l’alimentation, le logement ou la santé sont tout aussi importants, non ? L’énergie n’a pas de ministère dédié. Le gaz et l’électricité représentent des factures relativement faibles au regard de l’ensemble des dépenses mensuelles d’un ménage. L’énergie n’a pas été considérée avec le même degré d’importance pour la production de valeur que le capital et le travail dans les modèles économiques classiques. Alors, l’énergie est-elle vraiment si cruciale ?
Il serait faux d’affirmer que nous omettons l’existence de l’énergie. Nous savons tous que le pétrole n’est pas une énergie renouvelable et favorise l’effet de serre. Toutefois, au regard de son importance, nous n’accordons pas à l’énergie la place qui devrait être la sienne dans les débats de société et les mesures politiques qui sont prises. Nous sommes tellement habitués à avoir de l’énergie en abondance qu’elle nous apparaît comme acquise, et donc secondaire. Cela est d’autant plus paradoxal que la consommation que nous en faisons actuellement n’est que très récente et totalement exponentielle.
Pourtant, l’énergie est un puissant vecteur de remous sociaux en cours et à venir. Dès que son prix augmente de quelques centimes, nos interactions sociales s’en trouvent soudainement bouleversées : des chocs pétroliers, aux remous au Moyen Orient sur la trace de l’or noir, jusqu’aux gilets jaunes. Sans énergie, pas de photosynthèse qui produit nos fruits et légumes ; pas de camions, bétonnières et outils qui nous permettent de construire nos logements ; pas de pétrochimie à l’origine d’innombrable de nos médicaments, pas de transports ; pas d’activité. Sans énergie, les notions de “pouvoir d’achat” et de “croissance économique” n’auraient plus beaucoup de sens.
Est-il possible d’imaginer un monde sans énergie ? Ce serait, littéralement, le néant. Depuis l’origine de l’univers lors du big bang, tout ce que nous observons compose les différentes formes qu’a pris l’énergie au cours du temps. Nous ne sommes que des concentrés d’énergie qui se sont modelés, dé-modelés et remodelés pour devenir ce que nous sommes et former le monde qui nous entoure. La conscience que nous sommes tous issus de l’énergie nous ramène à nos liens avec l’univers entier. Nous sommes tous reliés, tous issus du même gigantesque ballet cosmique du mouvement de l’énergie et ses différentes formes.
Si nous ne pouvons pas imaginer ce que serait la vie sans énergie car il n’y en aurait pas, nous pouvons en revanche imaginer ce qu’elle serait si nous étions privés de ses formes non renouvelables. Nous pouvons imaginer ce que serait un monde sans l’énergie que nous exploitons quotidiennement pour mettre nos sociétés en mouvement, c’est-à-dire sans charbon, pétrole, gaz, et uranium. Nous serions contraint à un sérieux ralentissement matériel.
Pour donner un petit état des lieux des chiffres actuels, les énergies fossiles représentaient 81,3% du mix énergétique mondial en 2018, ce qui est un chiffre constant depuis 50 ans (la proportion était de 86,7% en 1973). Par ailleurs, l’abondance d’énergie disponible a permis de passer de 2,07 milliards d’être humains en 1930 à 7,5 milliards en 2017 (soit une multiplication par 4 sur l’espace temps d’une vie humaine de 90 ans) tout en provoquant l’anthropocène auquel nous allons devoir nous habituer aux effets dévastateurs.
Dès lors, pourrions-nous nourrir, loger, et vivre à 8 milliards d’individus dans de telles conditions ? Cette problématique générale pose une myriade d’autres questions. Faut-il fonder son espoir sur les énergies renouvelables ? Comment ne pas être pris au piège d’un effet rebond suite à une innovation permettant d’optimiser la consommation énergétique ? Peut-on poursuivre le développement socio-économique tout en réduisant notre empreinte carbone ? A quoi ressemblerait une société post carbone ? Quelles seraient les incidences sur nos modèles sociaux, économiques et politiques ? Comment gérer de façon concomitante une probable baisse de la quantité d’énergie disponible et les transformations environnementaux dus aux gaz à effet de serre produits par l’énergie fossile déjà consommée ?
Une fois les questions posées, nous réalisons que l’énergie est à la société ce que la sève est à l’arbre : souvent invisible mais omniprésente, tout bonnement indispensable à toute vie.
Pour vous proposer de balayer de façon rigoureuse et complète ce très large sujet, nous vous proposons l’intervention de Jean-Marc Jancovici à Sciences-Po d’août 2019 « CO2 ou PIB il faut choisir ».
Pour trouver une approche plus détaillée de chacun des éléments abordés nous vous avons mis en sources les liens vers les huit cours sur l’énergie qu’a donné Jean-Marc Jancovici à l’Ecole des Mines en 2019.
Envie de rajouter quelque chose ?
ASSOCIÉES
- Cler réseau pour la transition énergétique, décroissance, effet rebond, efficacité, Enercoop, énergie, énergie de vie, énergie partagée, énergie renouvelables, gérer la contraction, grande accelération, guide électricité verte, Jancovici (Jean-Marc), Low Tech, NegaWatt, nucléaire, Sève, Shift Project, sobriété, surconsommation, transition énergétique
SOURCES
- 1 - L'énergie - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- 2 - Les énergies fossiles - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- 3 - Le changement climatique (1) - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- 4 - Le changement climatique (2) - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- 5 - Les économies d'énergie - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- 5 - Les économies d'énergie - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- 5 - Les économies d'énergie - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- 6 - Le nucléaire - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- 7 - Les énergies renouvelables - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- 8 - La comptabilité carbone - Cours des Mines 2019 - Jancovici
- Scénario négaWatt 2017-2050
- Collaborative people, De l’importance et des limites de l’abondance énergétique
- Collaborative people, Abondance et densité : les clés pour discuter énergie et transition
- Dossier énergie du Shift Project
- Réseau Action Climat, dossier énergie
- Alder climat énergie, vulgarisation de travaux scientifiques sur l'énergie
- Canopée Energie renouvelable et sobriété énergétique
- Association Hespul est de contribuer à l’avènement d’une société sobre et efficace, reposant sur les énergies renouvelables, tout en défendant les valeurs d’équité et d’intérêt général