Low-tech

Le low-tech ou basse technologie est un ensemble de techniques simples, pratiques, économiques et populaires. Le concept s'oppose au high-tech. Elles peuvent faire appel à des solutions techniques tombées (plus ou moins récemment) en désuétude. Ces solutions techniques cherchent à être simples, bien pensées, bien dimensionnées et réparables. Elles sont issues d'une fabrication locale, favorisant l'emploi, plus proche de l'artisanat que de la production industrielle, voire de la prosommation. Ce sont des techniques issues de matériaux recyclés ou directement de sources naturelles primaires. Elles sont peu gourmandes en énergie et respectent l'environnement.

Les low-tech visent à remettre l’homme au centre des activités par son savoir-faire et son sens pratique. Il s’agit d’être ingénieux dans la conception afin de pouvoir fabriquer ou réparer soi-même les objets. Surtout, ces techniques évitent de développer une complexité interne qui serait cachée par une apparente simplicité d’utilisation : le processus menant à l’action voulue doit être le plus direct possible.

Le low-tech est aussi un concept à caractéristiques humanistes parfois proche du Do It Yourself, philosophie qui incite les individus à fabriquer leurs propres objets à partir de pièces détachées ou de composants simples.

Concrètement, les low-tech sont présentes dans la vie quotidienne. Par exemple, aller au travail à vélo ou réparer soi-même ses appareils au lieu de les jeter correspondent à la philosophie low-tech. Elles sont utilisées dans une volonté de s’affranchir des hautes technologies et de se réapproprier les objets. Les low-tech sont une solution là où la maintenance dépend de systèmes sophistiqués.

Emergence du concept
des années 1970 à nos jours

À l’heure où les high-tech ont envahi nos maisons, se pose la question de l’écologie. Les énergies fossiles s’épuisent, ce qui amène à revoir la durabilité de certaines techniques. À partir de là, plusieurs courants de pensée se sont formés. Certains pensent que les techniques de pointe alliant la robotique et l’intelligence artificielle seront notre futur écologique avec par exemple des voitures totalement électriques ou des centrales électriques.

D’autres pensent au contraire que les hautes technologies ne peuvent pas tout résoudre, car les matériaux utilisés pour créer cette technologie sont polluants, et utilisent des énergies fossiles, des métaux etc. Il s’est ainsi développé une pensée critique de la haute technologie, dans les années 1960-1970. Beaucoup ont cherché à définir ce qu’étaient les technologies douces, donnant naissance au mouvement low-tech. Ces dernières ont été décrites comme « intermédiaires » (E. F.Schumacher), « libératrices » (M. Bookchin), ou encore démocratiques. Ainsi s’est développé un courant aux États-Unis prônant un usage répandu des technologies douces, et de nombreuses recherches ont été effectuées dans ces années-là notamment par des chercheurs comme Langdon Winner. Ce mouvement est cependant mort dans l’œuf, à la suite notamment de nombreuses pressions des grands lobbies.

De nos jours, dans le contexte économique (montée des inégalités, crises financières) et environnemental (effondrement écologique) actuels, les low-tech connaissent un regain d’intérêt. En effet, ces solutions simples et peu coûteuses offrent une autre possibilité par rapport aux high-tech qui nécessitent des matériaux polluants et rares. Les low-tech investissent aujourd’hui quasiment tous les secteurs : agriculture, médecine, architecture, sport, internet… Cependant, l’ingénieur Philippe Bihouix, spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique, analyse que les hommes n’ont jamais autant « produit, pollué et jeté », et préconise l’éventuelle nécessité du retour à ces techniques au fur et à mesure de l’épuisement des ressources naturelles.

Depuis 2007, le néerlandais Kris de Decker publie (avec ses collaborateurs) des réflexions sur des solutions low-techs, le problème des high-techs, et la remise au goût du jour de technologies supposées « obsolètes » via le « Low<-tech Magazine ». L’entête est : « Doubts on progress and technology » (Doute sur le progrès et les technologies), et spécifie que les lowtechs « refusent de supposer qu’à chaque problème il y a une solution high-tech », avec une traduction française progressive des articles depuis quelques années.

En 2015, le projet low-tech Lab ouvre une plateforme web de documentation et de partage libre (type wiki) de low-tech et met en avant des temps de réflexion sur la philosophie low-tech.

Plusieurs définitions du terme low-tech ont été proposées qui ne lui rendent pas justice.

Pour le Cambridge International Dictionary of English, il s’agit simplement d’une technique qui est non récente, ou utilisant des matériaux anciens. Ce qui induit que les low-tech seraient un retour en arrière et non comme une avancée dans la recherche. Elles sont parfois même assimilées à des méthodes archaïques.

Les low-tech sont parfois décrites comme un mouvement anti high-tech, comme un renoncement délibéré à une technologie compliquée et coûteuse. Ce mouvement contestataire critique toute technologie démesurée : on peut alors faire un rapprochement avec les mouvements néo-luddiques ou technocritiques apparus dès la Révolution Industrielle. Ainsi, le « no-tech » est une des branches du mouvement low-tech.

Nous retiendrons la définition donnée par la Fabrique Ecologique de la démarche Low-tech.

La Fabrique Ecologique a proposé cette définition dans une note produite par un groupe de travail dont ont fait partie, entre autres, Philippe Bihouix, Arthur Keller, et Agnès Sinaï « Vers des technologies sobres et résilientes – Pourquoi et comment développer l’innovation « low-tech » ? » – 14 avril 2019.

On y trouve un certain nombre de précisions et nuances essentielles.

« Les low-tech, par opposition aux high-tech, sont une démarche visant, dans une optique de durabilité, à questionner nos besoins réels et développer des solutions aussi faiblement « technologisées » que possible, minimisant l’énergie requise à la production et à l’usage, utilisant le moins possible de ressources / matériaux rares, n’infligeant pas de coûts cachés à la collectivité.
Elles sont basées sur des techniques les plus simples possible, les moins dépendantes possible des ressources non renouvelables, sur des produits réparables et maintenables dans la durée, facilitant l’économie circulaire, la réutilisation et le recyclage, s’appuyant sur les savoirs et le travail humain digne.
Cette démarche n’est pas seulement technologique, mais aussi systémique. Elle vise à remettre en cause les modèles économiques, organisationnels, sociaux, culturels. À ce titre, elle est plus large que l’écoconception. »

De nombreuses nouvelles définition sont venues compléter ou nuancer le terme "low-tech", se voulant plus précises car restreintes à une caractéristique particulière :

  • retro-tech : plus orienté à raviver d’anciennes inventions astucieuses (pas forcément utiles, durables et accessibles), des parallèles peuvent néanmoins être tissés avec la low-tech car ces innovations font souvent appel à des technologies décentralisées et plus simples (car fabriquées par des particuliers) « 
  • Wild-tech : par-delà l’opposition high-tech/low-tech, elle entend donner des « outils pour mieux penser ces manières de fabriquer qui échappent à toute classification ». Les inclassables. Est aussi assimilable au « rebel tech », mouvement dont le but est de hacker et se ré-approprier tout type de technologie.
  • small-tech : qui s’oppose au « Big Tech », porté entre autres par les GAFAM, se référant ainsi aux questions numériques, « dans la perspective de maintenir un haut niveau de complexité technologique mais sur la base des notions de biens communs, de travail collaboratif et les principes de démocratie et de justice sociale
  • (s)lowtech, ou slow-tech : exploite le jeu-de-mot (s)low – slow. But : « explorer les inconvénients de la technologie et ses effets sur la santé humaine et le développement ». Désigne aussi un mouvement visant à réduire l’addiction aux technologies, surtout chez les plus jeunes. Cependant la définition se rapprochant le plus du low-tech est celle se restreignant à des technologies (de tout type) permettant un mode de vie lent. D’autres références définissent le slow-tech par rapport au numérique : il ne doit pas s’opposer à ces technologies, mais chercher à les rendre plus éthiques, plus « vertes », plus en phase avec l’humain.
  • easy-tech : technologie facile à mettre en œuvre, à utiliser, et accessible à tous. Au cœur de la définition communément admise des low-tech.
  • no-tech : promeut un mode de vie évitant d’utiliser la technologie, quand c’est possible. Rejoint certains écrits technocritiques sur le bilan négatif et chronophage de la plupart des technologies « innovantes ». Voir par exemple no-tech magazine.
  • Lo-Tek (ou LoTek) : nom introduit par Julia Watson pour son livre « The Power of Lo—TEK – A global exploration of nature-based technology ». L’auteur rassemble des savoirs et pratiques multigénérationnels pour « contrer l’idée que l’innovation aborigène serait primitive et existerait isolée de la technologie ». TEK est l’acronyme de « Traditional Ecological Knowledge » (Savoir traditionnel écologique).

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