Bookchin (Murray)

1921-2006, Américain

Murray Bookchin était un militant écologiste américain, théoricien de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire. Il est le fondateur de l'écologie sociale, école de pensée qui propose une nouvelle vision politique et philosophique du rapport entre l’être humain et son environnement, ainsi qu'une nouvelle organisation sociale par la mise en œuvre du municipalisme libertaire.

L’influence de ses idées sur le dirigeant kurde Abdullah Öcalan a conduit à l’élaboration du confédéralisme démocratique, modèle adopté par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à partir de 2005, puis par le Parti de l’union démocratique (PYD) en Syrie, où il connait un début de mise en œuvre dans les cantons du Rojava. Janet Biehl, collaboratrice et compagne de ses dernières années, fidèle à sa promesse, retrace sa vie tout en présentant son importante œuvre théorique dans « Écologie ou Catastrophe ».
Murray Bookchin s’oppose à la vision productiviste d’une intelligence humaine séparée d’une nature qu’elle ne vise qu’à transformer en ressources, conception propre à un humanisme progressiste dans lequel le capitalisme et le capitalisme d’État se rejoignent. Mais il rejette aussi celle, caractéristique de l’écologie profonde, de la résorption dans la nature d’une humanité réduite au statut d’espèce animale parasite, notamment parce que cette perspective ne tient aucun compte de la polarisation interne aux sociétés humaines. Il récuse tout autant celle de l’environnementalisme, qui partage avec les précédentes une approche globalisante, tendant en l’occurrence à faire porter à chaque individu la culpabilité de la crise écologique.
Dans sa vision d’une écologie sociale, même si les facteurs démographiques ou proprement environnementaux entrent en ligne de compte, la clé de la domination et de l’exploitation de la nature se trouve dans les rapports de domination et d’exploitation qui s’exercent à l’intérieur de la société humaine. La cause première de la crise écologique n’est rien d’autre que la logique du « toujours plus », qui est celle du capitalisme.
Selon Murray Bookchin, la séparation de l’esprit humain d’avec la nature est un processus parallèle à la constitution des sociétés hiérarchisées, et ces deux dimensions de nos modes de socialisation imprègnent profondément les mentalités. Pour s’en dégager, il faut étudier les communautés « organiques » et concevoir de nouveaux modes de socialisation inspirés des pratiques anciennes d’entraide, en vue de réconcilier l’humanité avec la nature et de la réinscrire dans le processus naturel de l’évolution. Est en effet postulée une nature humaine : l’homme est la nature prenant conscience d’elle-même ; l’humanité représente l’émergence dans l’évolution, à un niveau jamais atteint auparavant, de la rationalité, de la réflexivité et de l’aide mutuelle.
Ce postulat, irrecevable pour une pensée déconstructionniste, s’inscrit dans une conception d’ensemble qui voit dans la nature elle-même une dynamique tendant vers la liberté par la coopération. En s’appuyant sur une relecture des apports de la biologie qui souligne les phénomènes d’association, d’entraide et de symbiose, et non exclusivement de concurrence et de sélection, elle permet de replacer dans la continuité d’une nature non hiérarchique la perspective d’une société non hiérarchisée, elle-même posée comme le cadre le mieux adapté au développement d’une personnalité singulière dans un tissu communautaire.
Le projet d’organisation sociale conçu par Murray Bookchin est un confédéralisme démocratique à base de municipalisme libertaire, où le passage aux niveaux plus larges se fait sous mandat impératif. La taille des villes devient un paramètre crucial dans un modèle où les communes sont appelées à gérer en leur sein le rapport entre ville et campagne et l’usage approprié des technologies.

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