Trouble du déficit de nature

Il existe des forces actives qui séparent les enfants du monde naturel où ils sont nés. Richard Louv a diagnostiqué une cause majeure de ce processus de séparation et a créé l’expression « trouble du déficit de nature ». Dans son livre « Last child in the woods », il nous met en garde contre les impacts négatifs et les coûts humains résultant de l’éloignement de nos enfants de la nature et des processus naturels.

Richard Louv, Jules Pretty et bien d’autres soulignent que l’épidémie de maladies infantiles physiques, de handicaps comme l’obésité et de maladies mentales est causée par la déconnexion aujourd’hui reconnue entre les enfants, leur écosocialisation et leur activité physique. Sans contact étroit avec des lieux sauvages, comme le montre David Sobel, la socialisation et l’éducation des enfants restent inachevées.

Il n’est pas étonnant que de tels enfants aient peu, voire aucune empathie pour le monde sauvage ou la nature encore intacte. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que ces enfants se mettent subitement à comprendre que la sixième extinction ou la crise climatique sont des menaces pour leur propre existence, actuelle et future.

Témoignage d’Anne-Claire, membre de l’association Graines de Récits :

« Lorsque je me suis rendue dans les classes de CP d’une école de Saint Denis (dans le 93) pour des interventions éducatives, j’ai été impressionnée par ses enfants vifs, intelligents et en même temps totalement hors-sol. Impulsifs, toujours en mouvement, sur la défensive permanente, … on pouvait les voir parfois monter les escaliers du haut de leurs six ans avec le pouce d’une main dans la bouche et le majeur de l’autre main, levé vers un autre élève pour imiter déjà le langage des plus âgés. Si grands et si petits à la fois !

J’ai pensé dès le départ que ces enfants étaient bien impactés par leur contexte de vie, mais qu’ils soufraient tout particulièrement d’un déficit de « prise à la terre » et de ce que j’ai découvert ensuite comme un terme référencé officiellement : d’un déficit de nature. Le gouter de fin d’année m’en a apporté une illustration très concrète mais m’a surtout ouvert une vraie perspective : je leur ai lu cette jolie histoire « Graine de patience » ou un petit enfant d’Afrique apprend que pour qu’une graine devienne arbre, il faut s’armer de patience.

Après avoir gouté avec les gâteaux et la pastèque que je leur avais apportés, j’en ai retrouvé certains dans la cour avec mon tupperware rempli d’eau, se dirigeant vers le fond de la cour : curieuse, je suis allée les voir pour comprendre à quelle expérience ils se livraient et je les ai trouvés au bord de la jardinière de l’école, à la terre pauvre et poussiéreuse, arrosant les quelques graines de pastèque qu’ils venaient de planter et me disant ensuite, le menton entre les mains : « il faut de la patience quand même ».

La révélation a été pour moi que tout est en eux et qu’il ne faut pas grand chose pour réveiller cette connexion au Vivant, présente chez tous les enfants… Depuis, je travaille à permettre un retour à la terre aux enfants qui en sont privés. »

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