Gaïa (hypothèse, théories)

Présentation

• Le terme générique théories Gaïa fait référence à un ensemble d’hypothèses et de théories selon lesquelles :

o Les êtres vivants ont une influence sur la totalité de la planète sur laquelle ils se trouvent ;

o L’écosphère a développé une autorégulation (point non contesté même hors hypothèse Gaïa) ; l’existence de chaque être vivant est alors supposée régulée au profit de l’ensemble de l’écosphère (hypothèse proprement Gaïa) ; o Le système autorégulé constitué par la totalité des êtres vivants (biomasse) et des constituants non vivants composant la masse totale de la Terre, et sans doute aussi le rayonnement solaire extérieur, possède des mécanismes internes pouvant le faire considérer comme un être vivant, conformément au paradigme cybernétique. Celui-ci est nommé par convention Gaïa par allusion à la déesse mère grecque.

• Bien que certains soutiennent que des aspects de la théorie Gaïa sont déjà parties intégrantes de nombreuses religions et cultures autochtones, celle-ci a tout d’abord été décrite en tant qu’hypothèse (hypothèse Gaïa) par James Lovelock, chimiste britannique, et Lynn Margulis, microbiologiste américaine en 1974. Un modèle assez simple fréquemment utilisé pour illustrer l’hypothèse originelle est celui de Daisyworld. L’hypothèse originelle repose sur le concept d’homéostasie et soutient que les formes vivantes d’une planète hôte associées avec leur environnement, se sont comportées et se comportent encore comme un système auto-régulateur. Ce système naturel inclut la biomasse, l’atmosphère, la pédosphère et une mince couche de la lithosphère. De multiples formes de ce concept coexistent, bien que controversées, et une partie au moins en est plus ou moins admise par la communauté scientifique.

• La théorie Gaïa constitue un ensemble d’hypothèses, allant de l’indéniable au radical :

o à une extrémité est la constatation que les organismes vivants sur Terre ont modifié sa composition, l’apparition d’une atmosphère contenant une forte concentration d’oxygène (au début, simple déchet des algues bleues, puis à son tour moteur d’un autre type de vie, la vie aérobie) en étant un exemple typique.

o une position intermédiaire consiste à considérer la Terre comme un organisme auto-organisé, qui fonctionne de telle façon que le système conserve une sorte d’équilibre.

o hypothèse extrême dans l’autre sens, certains émettent l’hypothèse que le système manipulerait consciemment le climat afin de maintenir les conditions les plus favorables à la vie, en d’autres termes que le mécanisme serait de type intentionnel et non de type causal.

• Quelques biologistes voient généralement cette activité comme une propriété émergente de l’écosystème : alors que chaque espèce poursuit son intérêt propre, la combinaison de leurs actions tend à contrebalancer les effets du changement environnemental.

• Les opposants à ce point de vue évoquent plutôt les conséquences de l’activité des êtres vivants ayant résulté en des modifications drastiques par le passé plutôt qu’à un équilibre stable, telles que la conversion de l’atmosphère terrestre d’un milieu réducteur à un milieu riche en oxygène.

• Une position plus poussée considère tous les êtres vivants comme parties d’un organisme unique, qui est nommé par eux Gaïa. De ce point de vue, l’atmosphère, les mers, la croûte terrestre seraient le résultat des interventions dues à Gaïa, à travers la diversité coévolutive des êtres vivants. Une partie importante des scientifiques récuse cette position ; toutefois, le point de vue scientifique ne s’oppose pas – au contraire – à son examen.

• La forme la plus extrême de la théorie Gaïa considère la planète Terre dans son ensemble comme un organisme ; de ce point de vue, la biosphère terrestre manipulerait de façon « consciente » le climat de façon à rendre les conditions environnementales plus favorables à la vie. Néanmoins la vie est une chose, et la conscience une autre : où trouver un témoignage de la conscience d’une amibe, malgré ses nombreuses autorégulations ? Aucune preuve ne vient confirmer ni infirmer cette hypothèse ; le problème se complique par le fait que quelques non-scientifiques confondent homéostasie et activité requérant un contrôle conscient, ce que l’examen de n’importe quel thermostat suffit pourtant à invalider.

• Il existe des versions encore plus spéculatives de Gaïa, en particulier celles soutenant que la Terre est effectivement consciente ou partie d’une évolution beaucoup plus vaste. Ces hypothèses sont actuellement considérées comme hors du champ scientifique.

• De toutes ces hypothèses, Lovelock apparaît se positionner vers le milieu, Margulis étant plus conservatrice.

• Les partisans politiques de cette théorie se nomment parfois les gaïens et cherchent à maintenir l’homéostasie de la Terre, lorsqu’ils constatent que celle-ci penche d’un côté de la balance, par exemple pour empêcher les modifications climatiques anthropiques, les extinctions, la destruction des forêts anciennes… Finalement, ils cherchent à coopérer pour « manipuler consciemment le système pour restaurer son équilibre ». Une telle activité « définit » l’homéostasie. Toutefois, pour être efficace, cette activité repose sur la recherche et la compréhension des équilibres homéorhétiques, ne serait-ce que pour trouver les leviers pour intervenir dans un système qui évolue dans une direction défavorable.

Envie de rajouter quelque chose ?

Laisser un commentaire