Diplomatie avec le vivant

Afin de restaurer notre sensibilité au vivant, Baptiste Morizot propose de revoir la manière dont nous considérons nos relations avec les autres espèces. L'homme doit apprendre à se détacher de la pensée narcissique de sa propre supériorité spirituelle et technique, qui le conduit à être complètement aveugle et sourd à l'égard du vivant. D'autre part, les animaux ne devraient pas être considérés comme inférieurs ou supérieurs : « ils incarnent avant tout d'autres manières d'être vivant ».

Comme projet philosophique, la restauration de la sensibilité humaine au vivant pousse l'auteur à explorer des concepts comme celui de « diplomate », « d'interdépendance » entre espèces, de « communauté d'importance » ou encore de « diplomatie des interdépendances ».

Le diplomate se tient entre les espèces et entre les positions. Il chercher à « résoudre sans violence les problèmes de cohabitation entre communautés ». Il peut intercéder pour rappeler le moment où l’on oublie le fait que l’homme est inséparable des autres espèces, qu’elles soient domestiques (les brebis) ou sauvages (les loups). Ce travail d’intermédiaire a pour effet de brouiller les positions arrêtées, de telle sorte qu’il est impossible de défendre un camp contre un autre.

Le diplomate se met en définitive au service de la relation elle-même, au service de la manière dont les usages humains d’un territoire peuvent être combinés, tissés avec des usages non-humains :

Il s’agit d’apprendre à habiter autrement : « habiter, c’est toujours cohabiter, parmi d’autres formes de vie ». L’auteur souligne combien la dimension politique de ce projet est ambiguë et complexe lorsqu’il s’agit du loup.

« On voit ici à quel point l’alternative habituelle, à savoir stigmatiser le pastoralisme en bloc comme s’il était l’ennemi malhonnête de la biodiversité, ou l’adouber en bloc comme s’il était le maillon essentiel de la préservation des paysages, ne tient pas : tout dépend des pratiques, et il faut penser une transformation de l’usage pastoral des territoires, qui aille dans le sens d’une protection accrue des prairies, des loups et du métier lui-même ; ce sont ces axes de communauté d’importance qui sont à faire émerger »

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