Courage

Définition

Définition Larousse du courage :  « Le courage, (Andreia en grec ancien, virilité) Il est une des quatre valeurs platoniciennes, avec la Justice, la Sagesse et la Tempérance. Fermeté, force de caractère qui permet d’affronter le danger, la souffrance, les revers, les circonstances difficiles : Avoir du courage. Ardeur mise à entreprendre une tâche. Force, énergie et envie de faire une action quelconque ». Il ne s’agit pas ici de disserter sur le courage, mettre en avant sa portée héroïque ou individualisante, selon l’approche. Le courage est davantage une expérience qu’un objet d’étude en tant que tel. Alors, face à la situation actuelle que d’aucuns pourrait considérer comme critique, il s’agit d’avantage d’appeler à en faire preuve, en tant qu’individus comme de société, pour nous et pour ceux qui nous suivront.

Ethique du courage

Tout d’abord, remettons nous dans le contexte. Avant même la crise du Covid 19, nous étions déjà à la croisée des chemins. Les signaux d’une fin de cycle se faisaient de plus en plus marqués : feux en Australie et au Brésil, effondrement de la biodiversité, contestations sociales dans les pays occidentaux, marasme économique, arrivée au pouvoir des populismes…

La quasi-totalité de la communauté scientifique internationale sommait les responsables politiques, économiques et sociaux d’entraîner les sociétés vers des changements de société permettant d’assurer leur durabilité et leur résilience. Les rapports du GIEC se montraient chaque année plus alarmants. Au regard des bouleversements environnementaux et de leurs conséquences sociales en cours et à venir, changer nos modes de vie paraît absolument nécessaire si nous voulons assurer la survie de notre espèce.

La crise du Covid 19 est venue mettre en lumière avec un peu plus de vigueur que nos modèles de société ne sont pas durables. En organisant des échanges de marchandises, de biens et de personnes à flux tendus sur des marchés planétaires, ces modèles sont apparus aux yeux du plus grand nombre comme destructeurs de la planète. Nos excès mettent également les populations à la merci d’incidents majeurs se déroulant sur certaines parties des chaines de production. (Ex : un virus virulent se propage en Chine, les usines sont fermées et le reste du monde encourt le risque de manquer des biens importés de ce pays.)

C’est avec d’autant plus de courage que les décisions à venir devront être prises, permettant de sauvegarder la paix sociale et les intérêts vitaux des populations tout en permettant de réorienter nos activités vers des modèles plus résilients. Sur le papier, ce programme est quasi-révolutionnaire. Pourtant, les accords européens organisant un grand plan de relance post confinement, s’ils n’excluent pas totalement la question écologique, ne lui accordent pas les moyens pour répondre de façon appropriée aux enjeux. Faut il se résigner ? Accepter d’adopter la stratégie des petits pas ? Cette stratégie est-elle suffisante au regard de l’urgence des enjeux ?

Il faut mesurer que l’appel à changer nos modes de vie ne vont sans périodes de doutes, de contestations sociales et d’incertitude. Sans doute est-ce la raison pour laquelle nos dirigeants sont si frileux à inverser la tendance. D’une part, chacun doit mesurer l’inertie du système causée par le maintien des intérêts en place. De plus, il ne va pas de soi d’inviter à inverser la vapeur, surtout lorsque nous n’avons aucune idée de ce qui nous attend derrière ni de la conséquence de nos actes. Le mieux n’est-il pas l’ennemi du bien ? De nombreuses personnes vivent de notre système, aussi imparfait soit-il. Transformer voir reconstruire notre système ne nous met-il pas en danger ? Les bouleversements environnementaux, eux, n’ont que faire de nos incertitudes. Alors où mettre le curseur ?

Il ne s’agit pas de minimiser la difficulté de la tâche. Poursuivre de tels changements de modes de vies, qui entraînent des bouleversements très profonds dans notre façon de nous inscrire au monde nécessitent un réel courage. Le courage de s’opposer aux modèles dominants ; le courage de s’opposer aux acteurs puissants ; le courage de parfois s’opposer à son entourage et aux enseignements reçus jusqu’ici ; le courage de lancer sa carrière sur des chemins sinueux et incertains ; le courage de s’élancer dans l’inconnu sans savoir ce qu’on y trouvera ; le courage de poursuivre son sillon malgré les doutes et les critiques ; le courage de se remettre en question ; le courage d’être face à soi-même…

Que faire ? Résister de l’intérieur, de l’extérieur ? Se montrer intransigeant ? Ambitieux ? Se lancer dans de la résistance civile ? Vivre en robin des bois ou en infiltré ? Miser sur l’efficacité ou le symbole ? Vivre en artiste et en personne de sagesse ? Nul ne sait exactement quelle stratégie est la plus efficace pour inverser la vapeur. Chacun sa place, sans doute.

Si la tâche est rude, chacun doit mesurer à quel point elle est belle, héroïque. Elle ouvre la voie au bourgeonnement de nombreux imaginaires, de belles histoires. Peut-être que l’émergence de héros modernes, répondant aux critères de notre société, pourrait toucher les cœurs. Passion, fierté, romantisme, héroïsme, ambitions, part d’ombre, blessures, idéalisme. Qui sait ? Cela peut paraître paradoxal car il s’agit de reprendre les codes de l’imaginaire occidental individualiste pour inviter à le transformer vers plus de collectivité. A cette critique largement entendable, deux pistes.

D’abord, le monde occidental en ayant enfanté, structuré, le système qui nous mène à notre perte est celui à qui parler de toute urgence pour le raisonner. Peut-on réellement se passer de tous les codes de notre culture autours desquels nous nous sommes rassemblées pendant de si longues années ? Dans une société en attente de changements, où la poudrière n’attend qu’à s’embraser, des symboles de courage peuvent peut être nous rassembler, nous ressembler. Ne nous privons pas de ce luxe.

Surtout, rien ne nous oblige à ce que nos nouveaux imaginaires soient uniquement individualistes. Rien n’interdit à nos artistes de redéfinir ce qu’est le courage. Nous avons le droit d’être inventifs, inclusifs, diversifs, bigarrés, de nous inspirer des mythes des autres cultures, de nous raconter de nouvelles petites histoires comme plein de petits points venant écrire une nouvelle page de la grande Histoire. Chiche ?

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