« La forêt », Chateaubriand (in Tableaux de la nature)

Forêt silencieuse, aimable solitude,

Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !

Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,

J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude !

 

Prestiges de mon cœur ! je crois voir s’exhaler

Des arbres, des gazons une douce tristesse :

Cette onde que j’entends murmure avec mollesse,

Et dans le fond des bois semble encor m’appeler.

 

Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière

Ici, loin des humains !… Au bruit de ces ruisseaux,

Sur un tapis de fleurs, sur l’herbe printanière,

Qu’ignoré je sommeille à l’ombre des ormeaux !

 

Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles ;

Ces genêts, ornements d’un sauvage réduit,

Ce chèvrefeuille atteint d’un vent léger qui fuit,

Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles.

 

Forêts, dans vos abris gardez mes vœux offerts !

A quel amant jamais serez-vous aussi chères ?

D’autres vous rediront des amours étrangères ;

Moi de vos charmes seuls j’entretiens les déserts.

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