Les « Marchands de doute »

Les Marchands de doute est une expression issue du livre du même nom, sous-titré : « ou comment une poignée de scientifiques ont masqué la vérité sur des enjeux de société tels que le tabagisme et le réchauffement climatique » est un livre écrit par Naomi Oreskes et Erik M. Conway, historiens des sciences américains.

Le livre Les Marchands de doute fait des parallèle entre les controverses sur le réchauffement climatique et des débats antérieurs, tels celui sur le tabagisme, les pluies acides et le trou dans la couche d’ozone.

Oreskes et Conway écrivent que, dans chaque cas, la stratégie de base des partisans du statu quo est de « nourrir la controverse » en entretenant le doute et la confusion après qu’un consensus scientifique s’est établi.

Les auteurs soulignent également que des scientifiques à contre-courant tels Frederick Seitz et Fred Singer ont joint leurs forces à des think tanks et des compagnies privées afin de remettre en question le consensus scientifique sur plusieurs enjeux contemporains.

Alors de quoi s’agit-il ? Rien de moins qu’une stratégie consciente, très élaborée et reproduite à l’infini par de grands industriels (tabac, néonicotinoïdes, énergies fossiles, amiante, bisphénol A…) mis en cause par la science pour le caractère nocif (pour les humains ou les autres vivants) de leurs activités.

Dans quel but ? Détourner l’attention de la nocivité des produits : minimiser la relation de cause à effet entre le tabac et le cancer du poumon, les néonicotinoïdes et la mort des abeilles, l’amiante et la santé humaine, le bisphénol A et les perturbateurs endocriniens, les énergies fossiles et le changement climatique…

Comment ? Par de multiples tactiques aussi variées que perverses : financer des centaines d’études scientifiques pour noyer le poisson, modifier les protocoles d’études pour être certain d’obtenir les résultats désirés, duper ou corrompre des scientifiques de premier plan pour les faire aller dans leur sens…

Le but ultime ? Fabriquer massivement de l’ignorance, créer un écran de fumée épaisse pour empêcher le grand public et les autorités réglementaires de statuer clairement et ainsi gagner des dizaines d’années pendant lesquelles les produits peuvent continuer d’être écoulés et les profits amassés.

Cette stratégie est si répandue et brillamment orchestrée qu’elle fait l’objet d’une nouvelle discipline scientifique au nom savant : l’agnotologie, ou science de l’ignorance, qui vise, en rassemblant plusieurs disciplines, à démonter les rouages de la production volontaire et involontaire de l’ignorance.

Aujourd’hui des processus similaires sont à l’œuvre concernant les débats sur les dérèglements climatiques. Il est essentiel de se renseigner sur les activités annexes de conférenciers et faiseurs d’opinions, quels qu’ils soient. Quels intérêts défendent ils ? Expriment-ils leurs convictions profondes, des analyses poussées et honnêtes de l’état de la situation, ou ont ils intérêt à propager le doute à des fins personnelles ?

Envie de rajouter quelque chose ?

Tu penses à une notion
qui n'est pas présente ici ?

Laisser un commentaire