Morin (Edgar)

1921- ?, Français

Edgar Nahoum, dit Edgar Morin, est un sociologue, médiologue et philosophe français, penseur de la complexité.

Edgar Morin définit sa façon de penser comme « constructiviste » en précisant : « c’est-à-dire que je parle de la collaboration du monde extérieur et de notre esprit pour construire la réalité ».

Il s’intéresse au processus de la mondialisation où « le vaisseau spatial terre est propulsé par trois moteurs couplés science/technique/économie, mais est dépourvu de pilote, ce qui prépare deux avenirs antagonistes, l’un de catastrophes (dégradation de la biosphère, multiplication des armes nucléaires, économie soumise à la spéculation financière, crise des civilisations traditionnelles et crise de la civilisation occidentale, multiplication des conflits et des fanatismes), l’autre de « transhumanisme » permettant de retarder la mort sans vieillir et de confier aux robots toutes les tâches ennuyeuses et pénibles. Mais cette dernière perspective d’homme augmenté, purement quantitative, ignore la nécessité d’un énorme progrès moral et intellectuel pour éviter les catastrophes et ne pas soumettre l’humanité à une algorithmisation qui la robotiserait ».

Il participe à la création en mars 2012 du Collectif Roosevelt 2012 avec l’aide de Stéphane Hessel, Michel Rocard et de nombreux intellectuels et personnalités publiques de la société civile et politique. Ce collectif présente 15 propositions pour éviter un effondrement économique, élaborer une nouvelle société, lutter contre le chômage endémique et créer une Europe démocratique.
En 2012, il soutient publiquement le chef Raoni dans son combat contre le barrage de Belo Monte. Il participe avec ce dernier et de nombreux autres intellectuels, juristes et politiques au lancement d’un Tribunal moral pour les crimes contre la nature et le futur de l’humanité lors de la Conférence « Rio+20 ». En 2019, il déclare que c’est le pouvoir de l’argent qui est à l’origine de la dégradation de l’écologie.
Le 2 juillet 2015, il fait partie des premiers signataires, avec d’autres personnalités, d’une pétition demandant que la France accueille Edward Snowden et Julian Assange, à la suite de la lettre ouverte de ce dernier au président de la République François Hollande.

La reliance

Concept introduit par Edgar Morin, le terme de « reliance » souligne le besoin de relier ce qui a été séparé, disjoint, morcelé, détaillé, compartimenté, classé, trié… en disciplines, écoles de pensée, etc. Edgar Morin aime aussi envisager les choses dans une combinaison de confrontation, complémentarité, concurrence, coopération, les quatre en étroite synergie dynamique. Il prône l’attitude d’ouverture pour appréhender la complexité du monde.

La pensée complexe

Edgar Morin a trouvé l’expression « pensée complexe » dans la définition de la complexité issue de l’œuvre de W. Ross Ashby. Ce concept, dont la première formulation se trouve dans le livre « Science avec conscience » (1982), exprime une forme de pensée acceptant les imbrications de chaque domaine de la pensée et la transdisciplinarité. Le terme de complexité est pris au sens de son étymologie « complexus » qui signifie « ce qui est tissé ensemble » dans un enchevêtrement d’entrelacements (plexus).

La Méthode

« La Méthode » est l’œuvre majeure d’Edgar Morin, comprenant6 volumes au total (qui peuvent être lus dans le désordre). 

Le 1er tome, intitulé « La Nature de la nature », où sont traités les concepts d’ordre et de désordre, de système, d’information, etc. du monde physique. Le 2ème, intitulé « La Vie de la vie », aborde le vivant, la biologie. Le 3ème est intitulé « La Connaissance de la connaissance ». Il aborde la connaissance du point de vue anthropologique. Il y ouvre le chantier de l’épistémologie complexe. Le 4ème tome, « Les Idées », d’après les mots d’Edgar Morin, « pourrait aussi en être le premier ». En effet, « il constitue l’introduction la plus aisée à « la connaissance de la connaissance » et de façon inséparable au problème et à la nécessité d’une pensée complexe ». Le 5ème tome, « L’Humanité de l’humanité, L’Identité humaine » est consacré à la question de la trinité humaine : Individu – Société – Espèce. « La Méthode » se termine par un 6ème tome intitulé « L’Éthique », qui envisage les incertitudes et les contradictions éthiques et prône une éthique de la compréhension

L'engagement écologiste

Avec « Terre-Patrie », écrit en 1993 avec Anne-Brigitte Kern, Edgar Morin en appelle à une « prise de conscience de la communauté du destin terrestre », véritable conscience planétaire : « C’est en Californie, en 1969-1970, que des amis scientifiques de l’université de Berkeley m’ont éveillé la conscience écologique », rapporte-t-il, avant de s’alarmer : « Trois décennies plus tard, après l’assèchement de la mer d’Aral, la pollution du lac Baïkal, les pluies acides, la catastrophe de Tchernobyl, la contamination des nappes phréatiques, le trou d’ozone dans l’Antarctique, l’ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans, l’urgence est plus grande que jamais ».
En 2007, il est l’auteur de « L’An I de l’ère écologique : la Terre dépend de l’homme qui dépend de la Terre ». Le livre comporte un dialogue avec Nicolas Hulot.

Cette conscience doit s’accompagner pour Edgar Morin d’une nouvelle « politique de civilisation », pour sortir de cet « âge de fer planétaire… préhistoire de l’esprit humain ». La politique de civilisation, explique Edgar Morin, « vise à remettre l’homme au centre de la politique, en tant que fin et moyen, et à promouvoir le bien-vivre au lieu du bien-être ».

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