Gorz (André)

1923-2007, Français

André Gorz est un philosophe et journaliste français, considéré comme l'un des principaux théoriciens de l'écologie politique et de la décroissance,

André Gorz, de son vrai nom Gérard Horst est un philosophe et journaliste français. Sa pensée oscille entre philosophie, théorie politique et critique sociale. Disciple de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, puis admirateur d’Ivan Illich, il devient dans les années soixante-dix l’un des principaux théoriciens de l’écologie politique et de la décroissance, néologisme dont la paternité lui revient. Il est cofondateur en 1964 du Nouvel Observateur, sous le pseudonyme de Michel Bosquet, avec Jean Daniel.
Ses évolutions vont de pair avec son investissement au sein d’un courant dit écosocialiste dont il s’affirme au fil de ses essais comme une figure majeure. Gorz, comme Michael Hardt et Toni Negri et bien d’autres, voit dans la robotisation et l’informatisation l’émergence d’un tel capitalisme, portant les prémisses de son dépassement. Ainsi se comprend sa faveur pour les digital fabricators, à la fin de sa vie, une sorte d’artisanat high tech qu’il oppose vigoureusement à l’écologisme radical qui s’en prend à l’industrialisme d’une manière plus générale, sans faire d’exception pour les technologies de l’information et de la communication (ou TIC). Il partage avec les écosocialistes l’idée que l’écologisme n’est pas une fin en soi, mais une étape ; au mieux peut-il être d’une aide d’appoint vers le véritable but : la sortie du capitalisme.
Il joue un rôle pionnier dans la diffusion de l’écologie politique en France avec son recueil d’articles Écologie et politique (1975) et l’essai Écologie et liberté (1977) qui constitue à lui seul « un des textes fondateurs de la problématique écologique ». Il y rompt avec une tradition marxiste exclusive qui critique les rapports de production sans remettre en cause les forces productives, destructrices du cadre de vie. Dans une esquisse de mariage entre marxisme et écologie où il semble s’écarter temporairement de ses présupposés existentialistes et phénoménologiques, il tente d’apporter une réponse alternative au capitalisme « vert » qui se met en place, en dénonçant les implications destructrices du paradigme productiviste qui reste inchangé.
Au travers d’une pensée fondamentalement anti-économiste, anti-utilitariste et anti-productiviste, il allie ce rejet de la logique capitaliste d’accumulation de matières premières, d’énergies et de travail à une critique du consumérisme amplifiée après sa lecture du rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance. L’influence de Nicholas Georgescu-Roegen se fait ressentir dans la critique du marxisme courant comme découlant, au même titre que la tradition libérale, d’une pensée économique incapable de prendre en compte les externalités négatives de l’économie capitaliste. Son opposition à l’individualisme hédoniste et utilitariste autant qu’au collectivisme matérialiste et productiviste reflète l’importance qu’a chez lui la revendication des valeurs de la personne. Sa défense de l’autonomie de l’individu étant consubstantielle à sa réflexion écologiste, il s’attache, avec Illich et contre les courants environnementalistes systémistes, écocentristes et expertocrates, à défendre un courant humaniste pour qui la nature est « le milieu de vie » des humains.
Après « Écologie et liberté », sa présentation de l’écologie comme un outil de transformation sociale radicale et frontale du capitalisme reflète une conception nettement plus anticapitaliste. Mettant l’accent sur la relation intrinsèque entre productivisme, totalitarisme et logique de profit, il affirme notamment un lien structurel entre crise écologique et crise capitaliste de suraccumulation. Il appelle alors à une « révolution écologique, sociale et culturelle qui abolisse les contraintes du capitalisme ».
Dans « Ecologica », composé de textes, récents et anciens, expressément choisis par son auteur, André Gorz réaffirme sa conviction profonde : « Il est impossible d’éviter une catastrophe climatique sans rompre radicalement avec les méthodes et la logique économique qui y mènent depuis cent cinquante ans. […] La décroissance est donc un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d’autres rapports sociaux. »

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