Stiegler (Barbara)

1971- ?, Française

Barbara Stiegler est une philosophe française, professeure à l'université Bordeaux-Montaigne, membre de l’Institut universitaire de France et spécialisée sur la critique du néolibéralisme.

Barbara Stiegler s’intéresse tout d’abord à Nietzsche, dans ses rapports à la biologie et au corps. Théoricienne du néolibéralisme, elle met ensuite en évidence les sources évolutionnistes du néolibéralisme pour lequel l’espèce humaine devrait apprendre à vivre dans un nouvel environnement et s’adapter grâce à des politiques de santé et d’éducation menées par des experts.

Barbara Stiegler oriente ses recherches sur l’histoire des libéralismes et de la démocratie. Elle révèle les sources évolutionnistes du néolibéralisme. Elle explique dans son livre « Il faut s’adapter. Sur un nouvel impératif politique » le sentiment diffus d’un retard généralisé, une injonction à s’adapter au rythme des mutations d’un monde complexe et l’omniprésence du lexique biologique de l’évolution.

À travers la critique nietzschéenne du philosophe et sociologue anglais Herbert Spencer et de son adaptationnisme, elle explique une des origines du néolibéralisme : Herbert Spencer propose un « système de la nature », comprenant la pensée de Darwin, avec cette idée qu’il faut laisser faire la nature et les processus naturels dans les champs humain, économique et social. La direction claire est donc de s’adapter, c’est-à-dire se soumettre aux impératifs de la mondialisation. L’État doit s’en tenir à ses missions régaliennes. Les notions-clés de Darwin se retrouvent dans de nombreuses injonctions contemporaines : « s’adapter » pour « survivre », suivre les « mutations », participer à l’« évolution », la « sélection » et la « compétition ».
Elle s’oppose également à Walter Lippmann, premier théoricien du néolibéralisme, qui affirme qu’avec la révolution industrielle, notre espèce n’a pas les capacités pour s’adapter à son nouvel environnement et que seul un gouvernement d’experts, par le droit, l’éducation et la protection sociale peut transformer l’espèce humaine. L’enjeu central est l’adaptation à laquelle viennent se rajouter la flexibilité et l’employabilité. Walter Lippmann veut investir dans la santé et dans un eugénisme qui améliore « l’équipement » de l’espèce humaine et qui permette d’assurer l’« égalité des chances » afin que les meilleurs gagnent. Ses théories se prolongent dans le transhumanisme qui vise à transformer l’espèce humaine pour lui donner plus de compétences.

Barbara Stiegler rattache le néolibéralisme au darwinisme social qui s’exprime sous forme autoritaire dans le nazisme et sous forme libérale en affirmant que les plus aptes survivront. Elle s’étonne de la permanence dans le néolibéralisme de ces idées pourtant taboues dans la société actuelle.

Barbara Stiegler met en avant l’approche de John Dewey, grande figure du pragmatisme américain, qui, à partir du même constat que Lippmann, appelle à mobiliser l’intelligence collective des publics, à multiplier les initiatives démocratiques et à inventer par le bas l’avenir collectif. Chez Lippmann, la démocratie devient une technique politique de fabrication du consentement des masses puisque la direction est déjà connue et fixée par les experts. Pour Dewey, le « laboratoire expérimental » de la vie montre qu’il n’y a justement pas de sens unique à l’évolution, mais une multiplicité de directions, qui explore des possibilités toujours nouvelles et invente des environnements toujours différents. Il s’agit finalement d’expérimentation collective et de transformation active des environnements locaux, à l’initiative de ce que Dewey appelle les « publics ». Mais tandis que Lippmann veut enfermer les masses dans la passivité, en les mettant sous la tutelle des dirigeants et des experts, Dewey lui oppose une tout autre conception de la démocratie, dans laquelle il s’agit de faire émerger des publics actifs.

Face à l’urgence écologique et à la crise environnementale, le « cap indiscutable » des néolibéraux, insoutenable pour la planète n’est plus accepté par la population. La passion néolibérale du mouvement perpétuel l’empêche de voir les besoins vitaux des organismes en termes de stabilité. Ceci se retrouve également dans la remise en cause de l’ordre néolibéral en Europe par les populations.

Barbara Stiegler souhaite désormais approfondir les propositions politiques de Dewey dans le domaine des politiques de santé publique et dans celui de la maladie chronique en particulier.

Pour elle, la gauche et toute la vie politique doivent se recomposer autour de l’écologie, de la santé, de l’avenir du vivant. Il faut également une critique sérieuse du mécanisme de l’élection, de la personnalisation du pouvoir et de la représentation telle que l’ont commencé les gilets jaunes. La richesse des expérimentations sociales qui ont lieu un peu partout, la demande de démocratie des citoyen.n.e.s et la lucidité des jeunes générations sur la nécessité de changer totalement nos modes de vie mérite de trouver une issue politique.

Barbara Stiegler critique vivement la collapsologie comme une « science de la fin » qui dicterait aux gens comment il faudrait vivre. Selon elle, il faudrait en terminer avec cette vision temporelle de « caps » à suivre ou à atteindre qui nous entrave dans nos progrès sociaux et environnementaux.

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